Joachim Du Bellay, L'Olive, « Déjà la nuit en son parc amassait ».
Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et, pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l'aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait :
Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien ! une nymphe en riant.
Alors, voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'indique orient.
Extrait du corrigé :
14 décasyllabes.
Rimes embrassées dans les quatrains, du type ABBA. Ex : « rougissait, blondes, rondes, enrichissait ».
Rimes CCD, EED dans les tercets > sonnet italien (ou marotique).
Alternance des rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent).
L’Olive > recueil de sonnets, écrits à la manière de Pétrarque.
I- La nuit et l’aube
A- Le jour et la nuit
• Indications temporelles. Cf. l’anaphore de « déjà ». Cf. les indications : « la nuit » ; « le jour » ; « l'aube » ; « le ciel aux Indes rougissait »…
• Description de la naissance de la nuit dans le 1e quatrain. Cf. « Déjà » + « Un grand troupeau d'étoiles vagabondes » > image poétique, métaphore. Description du jour naissant dans le 2e quatrain. Cf. « Déjà le ciel aux Indes rougissait » ; « Et l'aube »…
NB : personnification de la nuit. Cf. « la nuit en son parc amassait ».
• Verbes à l’imparfait > aspect duratif, actions en déroulement. Cf. « amassait » ; « rougissant »…> transformation progressive.