Malherbe, Il n'est rien de si beau...
François de Malherbe, Il n'est rien de si beau...
Il n'est rien de si beau comme Caliste est belle :
C'est une oeuvre où Nature a fait tous ses efforts :
Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,
S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle.
La clarté de son teint n'est pas chose mortelle :
Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors :
Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,
Et l'art n'égale point sa douceur naturelle.
La blancheur de sa gorge éblouit les regards :
Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards,
Et la fait reconnaître un miracle visible.
En ce nombre infini de grâces, et d'appas,
Qu'en dis-tu ma raison ? crois-tu qu'il soit possible
D'avoir du jugement, et ne l'adorer pas ?
Extrait du corrigé :
François de Malherbe (1555-1628) : poète de cour officiel du roi Henri IV.
« Il n'est rien de si beau ... » : sonnet qui appartient au recueil Les Délices de la poésie française.
Sonnet vient de l’italien, sonneto, « chansonnette » et trouve peut-être son origine dans la Sicile du XIIIe siècle. Toutefois, c’est le poète Pétrarque qui lui assure son rayonnement au XVe siècle et le sonnet se développe en Europe aux XVIe et XVIIe siècles. Il est introduit en France dans la poésie de cour sous François Ier et Henri II, avec des poètes comme Marot, Louise Labé ou Du Bellay. Le premier recueil de sonnets français est l’Olive, de Du Bellay.
Sonnet > forme fixe composée de quatorze vers de 14 alexandrins, organisés en deux quatrains à rimes identiques embrassées (ABBA ABBA) + de deux tercets.
• Rimes embrassées dans les quatrains, du type ABBA.
Ex : « belle ; efforts ; trésors ; éternelle »
• Rimes du type CCD, EDE dans les tercets > sonnet français.
Cf. « regards ; dards » ; « visible ; appas ; possible ; pas ».
• Alternance respectée entre les rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et les rimes masculines.
Qualité des rimes.
Rimes suffisantes (2 sons communs).
Ex : « belle ; éternelle » {è l}
Rimes riches (3 sons communs et plus).
Ex : « visible ; possible » {i b l}
Dans ce poème, Malherbe rend hommage à la vicomtesse d’Auchy, avec laquelle il a eu une liaison.
I- La femme idéale
A- Beauté de Caliste