Pierre de Ronsard, Second livre des Amours, « L’an se rajeunissait en sa verte jouvence ».
L'an se rajeunissait en sa verte jouvence
Quand je m'épris de vous, ma Sinope cruelle ;
Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle,
Et votre teint sentait encore son enfance.
Vous aviez d'une infante encor la contenance,
La parole, et les pas ; votre bouche était belle,
Votre front et vos mains dignes d'une Immortelle,
Et votre oeil, qui me fait trépasser quand j'y pense.
Amour, qui ce jour-là si grandes beautés vit,
Dans un marbre, en mon coeur d'un trait les écrivit ;
Et si pour le jourd'hui vos beautés si parfaites
Ne sont comme autrefois, je n'en suis moins ravi,
Car je n'ai pas égard à cela que vous êtes,
Mais au doux souvenir des beautés que je vis.
Extrait du corrigé :
Pierre de Ronsard (1er septembre 1524 - 27 décembre 1585) : poète qui fut l’un des plus importants au XVIe siècle. Appartient, comme son ami Du Bellay, à la Pléiade.
Surnommé le « Prince des poètes et poète des princes », Ronsard a écrit de des poèmes engagés et de la poésie « officielle » dans le contexte des guerres de religions, des épopée et de la poésie lyrique, connue à travers des recueils comme Les Odes (1550-1552) et Les Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 - Les Amours de Marie, 1555 - Sonnets pour Hélène ,1578).
Dans ses poèmes lyriques, Ronsard développe les thèmes de la nature et de l’amour, associés aux références de l'Antiquité gréco-latine et à la forme du sonnet.
Sonnet de Ronsard.
14 alexandrins.
Rimes embrassées dans les quatrains, du type ABBA.
Rimes CCD, EDE dans les tercets > sonnet français.
Dans les quatrains, les rimes sont toutes féminines.
Dans les tercets, C > rimes masculines ; D > rimes féminines ; E > rimes masculines : il y a bien alternance entre les rimes masculines et féminines.
« jouvence » > allusion à la Fontaine de jouvence qui est un symbole d’immortalité ou de perpétuel rajeunissement.
« Sinope » > surnom que Ronsard avait donné a Marie.
I- Une beauté de seize ans
A- L’amour
• Poète qui s’adresse à la jeune femme (Marie).
Cf. les marques de 1e et de 2e personne du singulier.
Ex : « je m'épris ; ma ; me ; j' » > le poète.
Ex : « vous ; votre ; vos » > Marie, qui est aussi désignée par l’apostrophe « ma Sinope cruelle » > possessif, marque l’attachement du poète pour la femme, mais aussi « cruelle »…
• Poète qui est amoureux de la femme. Cf. « Quand je m'épris de vous » > passé simple, temps du passé. Amour qui dure depuis longtemps.